Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

Kassaman binnazilat ilmahiqat..." le plus noir des crimes est celui qui consiste à obscurcir la conscience politique et d’égarer tout un peuple" d'Emile ZOLA

Le nom de ce blog est sans doute évocateur de notre "nachid el watani" tant décrié par le passé parce que, associé au pouvoir Algérien illégitime. Après des décennies de disettes. Je voudrais faire de cet espace, un coin où tous mes compatriotes et autres amoureux de libertés, de démocratie, ou tout simplement d'histoire pourraient s'exprimer librement. En ce sens, nous vous souhaitons la bienvenue. En hommage à Nacer Hachiche, repose en paix et à bientôt ! Pour garder le contact avec notre chère patrie : http://www.alger-presse.com/index.php/presse-fr


Le grand déballage judiciaire de l’autoroute Est Ouest par Nicolas BEAU dans Mondafrique)

Publié par The Algerian Speaker sur 4 Mai 2015, 13:49pm

Catégories : #TCHIPA (Corruption) - srika et tutti quanti

Tchipa strada, Tchipa road ou la route de la honte.
Tchipa strada, Tchipa road ou la route de la honte.

Cinq milliards de pots de vin, des milliers d'élus arrosés, les ministres de Bouteflika jugés responsables, mais non coupables. Le vrai faux procès qui s’achève le dimanche 3 mai à Alger, ne s’en est pris qu’aux seconds couteaux malgré la guerre judiciaire féroce que se sont livrés les clans au pouvoir.

L’autoroute Est Ouest aura été le plus formidable hold-up de ce début de siècle en Algérie. Décidé en 2006 par le président algérien Abdelaziz Bouteflika, ce chantier, évalué au départ à 3,5 milliards de dollars, coutera finalement …17 milliards. Cinq milliards de dollars de bakchich - soit deux fois la facture alimentaire annuelle de l’Algérie - furent détournés au profit de milliers d’élus de l’est à l’Ouest du pays.

Une poignée de militaires du DRS (services algériens), des ministres influents et des amis du régime, protégés, ont mis les doigts également dans le pot de confiture. Pourtant, seuls quelques chefs de chantiers, intermédiaires douteux et fonctionnaires de second rang seront finalement inculpés et certains sans doute condamnés, lorsque tombera le verdict dimanche 3 mai dans la soirée.

Fin de règne

Aux milliards de la corruption, s’ajoutent les fonds engloutis dans des rallonges budgétaires provoquées par une gestion hasardeuse et la nécessité de nourrir les amis de la Présidence, qui ont bénéficié de nombreux marchés publics. Le résultat, on le connaît, l’autoroute est Ouest est un vrai danger public: des travaux inachevés, des tunnels qui s’effondrent, des glissements de terrain ou encore des centaines de kilomètres sans la moindre station d’essence (1)...

"Le projet du siècle" s’est révélé le symbole du régime finissant du président Bouteflika, qui allie une piètre gouvernance, une corruption galopante, dérégulée. Voici l’Algérie, pays riche en réserves financières et en compétences, condamné à faire appel à des sociétés chinoises et japonaises (qui comparaissent durant le procès comme personnes morales…pas très morales). Terrible symbole, ces groupes ont choisi comme intercesseur à Alger le fameux intermédiaire, Pierre-Joseph Falcone, dont le père dirigeait, avant l’indépendance de l’Algérie, « la conserverie Papa Falcone ».

Héros du scandale de l’Angolagate, où l’on vit Charles Pasqua, son fils, Jean Charles Marchiani et quelques bandits corses condamnés sévèrement par la justice française, Pierre Falcone s’est révélé l’intermédiaire clé entre l’Algérie et la Chine. Dans le dossier judiciaire pourtant, Pierre Falcone ne fit l’objet que d’un « mandat d’amener » par le juge d’instruction. Ce qui le laisse couler des jours heureux entre Pékin, Luanda et Paris où il représente l’Angola à l’Unesco..

Le scandale dans le scandale

Monsieur Falcone n’est pas le seul à être passé à travers les gouttes judiciaires, loin de là. Le procès à grand spectacle que le public algérien a suivi haletant, convaincu qu’enfin justice serait faite, a tourné à une véritable mascarade. Des milliards de dollars ont été détournés, des caisses noires et d’obscures fiduciaires dénoncées à Singapour, au Luxembourg et jusqu’en Israel, des milliers d’élus locaux arrosés avant le troisième mandat de Bouteflika par cette corruption Est-Ouest. Mais seuls quelques seconds couteaux, généralement proches du DRS, sont finalement mis en cause par le réquisitoire du Procureur dans la soirée du vendredi 1er mai. Seul notable à être poursuivi, un obscur colonel des Services algériens a été sacrifié dans la mêlée générale.

En revanche les proches d’Abdelaziz Boutefliak et de son frère Said,, comme l’ancien ministre en charge des travaux publics et donc du chantier de l’autoroute, Amar Ghoul sont jugés responsables…mais pas coupables, malgré les liens tissés avec certains inculpés dans la pêche comme dans les Travaux publics.

Des islamistes gourmands

Après le grand déballage… le grand pardon. Pas un dignitaire du régime qui ne soit condamné. Pas un ne sera même entendu comme témoin. Le Procureur se contentera de lire les réponses convenues du ministre Ghoul. Ce ministre qui représente les Frères Musulmans au gouvernement a compris les règles du jeu depuis l’avènement de Bouteflika qui a imposé la concorde nationale avec les islamistes. Sur fond d’attribution de marchés. .

L’Algérie qui possède 12OO kilomètres de cotes maritimes importait en 2014 pour 300 millions de sardines congelées et conditionnées (sans parler des 36 millions de dollars de mayonnaise). Cherchez l’erreur ! Au début de la présidence de Bouteflika et alors qu’Amar Ghoul était ministre de la pêche, de nombreux islamistes ont financé des chalutiers dont le produit était revendu en haute mer à des Espagnols, avant d’être conditionné puis réexporté en Algérie. Promu au ministère des Transports malgré la gestion calamiteuse du dossier de l’autoroute, ce sait homme de Ghoul peut songer désormais à à de nouveaux marchés mirifiques comme le renouvellement de la flotte d’Air Algérie. Pendant les affaires, les affaires continuent.

Nous reviendrons, après le verdict du procès de l’autoroute est Ouest qui doit tomber le dimanche 3mai dans la soirée, sur les grandes étapes de cette affaire d’Etat qui voit depuis une dizaine d’années, les principaux clans algériens, notamment la Présidence et le DRS, se lancer sans tendresse des Scuds judiciaires dans ce qui reste la plus lourde affaire de corruption (mal) jugée en Algérie.

(1) Voici la description que le journal El Watan a fait de l'autoroute est Ouest dans son édition du 3 avril: "Le tronçon qui mène du centre du pays vers l’Est est dans un très mauvais état et est devenu un vrai cauchemar. Celui situé dans la wilaya de Bouira, précisément entre Lakhdaria et Laâdjiba, est dans un état critique (…)La construction de deux tunnels et d’un grand viaduc situés au niveau des communes de Aïn Turc et Djabahia a été respectivement confiée à une entreprise turque et à un groupement mixte algéro-italien. A proximité des deux tunnels de Aïn Chriki, un gigantesque éboulement de terrain a été enregistré il y a plus de deux ans. Une partie de la route avait été emportée par le glissement de terrain qui menaçait même des habitations".

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